Canal cervical étroit

QU'EST CE QUE C'EST?

 

Le « canal cervical étroit » est un terme générique englobant  toutes les affections aboutissant à une réduction du diamètre du trou vertébral, voire des trous de conjugaison, et leurs conséquences cliniques par compression des structures nerveuses traversant ce canal.( Moelle et racines nerveuses )
Le canal cervical étroit devient symptomatique à partir d’un certain degré de compression. Il est longtemps bien toléré et complètement asymptomatique.
Globalement, l’évolution se fait lentement et inexorablement vers l’aggravation. La gêne se majore au point qu’une sanction chirurgicale s’impose.
Cette compression médullaire lente demande une décompression, non urgente mais réelle et rapide.
L’évolution vers une tétraplégie définitive est rare et ne devrait plus se voir.

 

DIAGNOSTIC

 

Les symptômes : le patient se plaint souvent de cervicalgies permanentes régulièrement aggravées au mouvement. Cette rachialgie se complique fréquemment d’une névralgie cervicobrachiale (NCB) :

1 . rarement C2 et C3 (face latérale du cou)
2 . parfois C4 (face supéro-externe de l’épaule),
3 . volontiers C5 (face externe du bras),
4 . mais surtout C6 (pouce) et C7 (majeur),
5 . parfois C8 (auriculaire).
Ce sont les troubles de la marche à type de fatigue et d’incoordination des membres inférieurs qui sont les plus typiques. Le périmètre de marche est réduit par faiblesse progressive des cuisses, des jambes et des pieds. Cette incoordination et cette faiblesse peuvent être présentes aux membres supérieurs.
En plus, peuvent être associées des céphalées, des vertiges, des troubles visuels et auditifs.

Les radiographies standards sont indispensables de même que les clichés dynamiques, mais le scanner et l’IRM sont les examens clefs.
L’électromyogramme précise l’atteinte radiculaire, détermine l’importance des lésions neurologiques et le pronostic de récupération. Il permet de soupçonner une participation médullaire.
La mesure des potentiels évoqués somesthésiques sensitifs et les potentiels évoqués moteurs aidera à évaluer objectivement la participation médullaire à la symptomatologie et sa gravité.

 

TRAITEMENT

 

Le port d’un collier va mettre le rachis cervical au repos et lutter contre une irritation mécanique des structures nerveuses liée au mouvement.
Les anti-inflammatoires stéroïdiens ou non (corticoïdes) aideront à diminuer la douleur radiculaire. L’effet anti-œdème sera utile pour améliorer la souffrance radiculaire et médullaire.

Quand le traitement médical n’agit pas, quand la symptomatologie s’aggrave et quand les signes neurologiques deviennent inquiétants, une solution chirurgicale s’impose.

Si la sténose est globale une laminoplastie (agrandissement des lames) ou une laminectomie (ablation des lames) peuvent être proposées. (Abord et cicatrice postérieure)
Si la sténose est antérieure ou latérale (majorité des cas en Europe), la chirurgie se fera par un abord transdiscal avec résection de l’ostéophyte (Abord et cicatrice antérieure).

Cette chirurgie se termine par une ostéosynthèse-arthrodèse du niveau incriminé avec mise en place d’un greffon (ou cage) intersomatique pour redonner au disque sa hauteur. Si plusieurs niveaux sont incriminés, une corporectomie (ablation du corps de la vertèbre) à un ou plusieurs niveaux peut être décidée. (Aujourd’hui, s’il n’y a pas d’instabilité, on a tendance à utiliser la prothèse discale plutôt que l’arthrodèse pour remplacer le disque et conserver ainsi le mouvement).

 

LA PÉRIODE POST-OPÉRATOIRE

 

Les suites sont peu douloureuses mais associent souvent une gène à la déglutition  pouvant durer 48 heures (équivalent à une angine) si l’abord est antérieur ; la douleur radiculaire disparaît, soit dès le réveil, soit  après quelques jours ; la récupération des troubles sensitifs et moteurs peut mettre de quelques jours à plusieurs mois mais n’est jamais certaine.
Le lever est possible dès le soir de l’intervention.
Un drain de Redon est généralement placé  et est enlevé le deuxième jour.
Dans de très rares cas un collier cervical est nécessaire.
Le retour au domicile est possible dés le cinquième ou sixième jour. En fonction des douleurs, un traitement anti-inflammatoire et antalgique peut être prescrit pour 8 jours.
La durée de l'arrêt de travail ne se pose généralement pas car il s’agit de personnes âgées.
Une consultation est prévue au bout d’un mois pour éventuellement réajuster un traitement médical et prescrire quelques séances de rééducation en fonction de douleurs cervicales résiduelles.

 

LES RISQUES

 

En dehors des risques inhérents à toute intervention chirurgicale, il existe des risque propres a cette intervention :

1.Une brèche de la dure-mère ( enveloppe contenant le liquide céphalo-rachidien et les racines nerveuses) peut survenir et est le plus souvent sans conséquences car réparée par le chirurgien.
2.L’infection est rare (0,1 à 1% des cas). Il s’agit le plus souvent d’une infection superficielle mais en cas d’infection plus profonde (discite) le traitement peut être  long et difficile.
3.Un hématome peut survenir et s’il est volumineux entraîner des compressions nerveuses avec au maximum une paralysie ; une ré-intervention est alors nécessaire.
Le risque majeur mais fort heureusement exceptionnel, est une lésion de la moelle épinière  pouvant conduire à la paralysie d’un membre voir des quatre (tétraplégie).